La négation de la Turquie

La Turquie héritière de l'Empire Ottoman depuis 1923, n'admet toujours pas le terme de génocide et réagit face à tous ceux qui l'utilisent.

"Nous ne portons pas l'ombre ni la trace d'un génocide " voici la phrase prononcée par  Recep Tayyip Erdogan, président de la république de la Turquie depuis 2014. Elle représente parfaitement la pensée de la Turquie face à ce génocide.


En effet, depuis plus de 100 ans, le gouvernement turc nie son implication dans le génocide arménien. Il affirme qu'il s'agissait d'une guerre civile, d'une famine, dans laquelle 300 000 à 500 000 arméniens et autant de turcs ont péris.                                                                        Pourquoi ce pays refuse encore cette reconnaissance ?                                                                    Cette négation se définit par la remise en cause de la réalité historique, cette réalité qui a été perpétrée par l'Empire Ottoman du 24 avril à Juillet 1916. Elle représente alors la dernière étape du génocide.                                                                                                                                   Cette négation n'a pas été soudaine. En effet, Mustafa Kemal Atatürk (premier président de la République de Turquie de 1923 à 1938 suite à la chute de l'Empire Ottoman) 



voulait reconnaître ce génocide. Il a donc complètement changé d'avis.                                Durant les années 20 on ne parlait toujours pas de négation turque, on justifiait ce crime par le contexte présent à cette époque : la Première Guerre Mondiale , et en affirmant que les arméniens étaient des traîtres. 

Depuis cent ans, les décisions politiques à propos de ce génocide sont toujours les mêmes malgré le fait qu'elles aient souvent changé de formes. Ce négationnisme est fondé sur le silence, la Turquie essaie d'oublier ce passage de l'Histoire. Il est né pendant les années du massacre, a continué après la création de la république turque en 1923 et continu d'exister de nos jours. 1920-1930 correspondent aux dates pendant lesquels le dénis a été le plus important, on n'en parlait pas, on évitait de ressortir ce sujet "tabou".


En cas de reconnaissance de leur part et donc d'une condamnation, cela remettrait en cause 3 régimes turcs. Les héritiers de l'empire ottoman ne veulent pas et ne se voient pas salir la mémoire du triumvirat (les acteurs de ce massacre) qu'ils considèrent comme des "héros" et non pas comme des criminels. C'est pour cette raison qu'ils n'assument pas ce crime contre l'humanité, Talaat Pacha  (membre du triumvirat) ne peut pas passer d'un statut de héros turc à celui d'un meurtrier; en effet de nombreuses rues sont baptisées en sa mémoire ainsi que d'innombrables mausolées.


Lors de la construction de la "nouvelle Turquie", ils se sont débarrassé des plusieurs civilisations qui composaient l'empire ottoman pour ne faire qu'un seul pays: celui des turcs. On parle alors de panturquisme ce qui est contraire à la reconnaissance du génocide.

La première démarche du négationnisme a consisté à supprimer l'Histoire, c'est à dire que les turcs ont détruits une majeure partie des archives qui témoignaient de cette époque de manière volontaire. On parle aussi d'une manipulation des jeunes enfants via des manuels scolaires. En effet, le ministère de l'éducation a façonné l'Histoire à leur guise, ils lavent le cerveau dès le plus jeunes âge en affirmant que la Turquie est une nation unifiée et que l'Arménie est un ennemie à leur nation, de grands traîtres qui n'hésiteraient pas à reproduire leur "trahison". Nous pouvons illustrer ce bourrage de crâne en parlant du livre scolaire d'histoire d'Emin Ali paru dès les premières années de la création de la république de Turquie,qui traite de l'évolution de l'empire ottoman mais dans lequel le conflit arméno-turque n'est nullement mentionné. Les autorités turques ont donc tout mis en oeuvre pour véhiculer leur version, la "version turque de l'Histoire". Le mot "arménien" n'est d'ailleurs même pas utilisé. Ils veulent effacer une partie de l'Histoire, ils veulent la cacher. La seule fois où l'ont parle d'eux, ils sont désignés comme des étrangers qui refusent l'intégration, heureux de l'affaiblissement de l'Etat turc et qui voulaient carrément sa destruction. La seule fois où ils parle d'eux, ils les rabaissent et les représentent de manière très négative. 

Les années 30 quant à elles sont représentées comme les années durant lesquels la haine de l'arménien avait atteint son apogée, présentés comme des ennemis du peuple turc. En 1933, un manuel d'histoire utilise l'expression "la Question arménienne", il parle alors de la déportation des arméniens en dehors des frontières ottomanes qui a été nécessaire dans le contexte de la guerre. Cette version devient alors un "classique" de cette négation et passe du champs scolaire et éducatif au champs politique. Toujours dans la même année, un livre écrit par Franz Werfel nommé "Les Quarante Jours de Moussa Dagh" paraît mais tout ne s'est pas passé comme prévue. En effet les nazis qui à ce moment là occupaient l'Allemagne ont directement censuré ce livre en l'interdisant suite à la demande d'Ankara car les deux pays étaient alliés durant la Première Guerre Mondiale (Empires centraux). Plusieurs pays ont ainsi succombé aux menaces du gouvernement turcs.                                                                                                        

                                                                          

En lisant simplement le résumé, nous comprenons très rapidement pourquoi il a était l'objet d'une censure....


Mais tout change lors de la commémoration de son cinquantenaire en 1965, le sujet suscite de nombreuses interrogations, ce débat devient au centre des discussions. Dans les années 70, suite aux opérations de l'ASALA une armée secrète arménienne qui exige la reconnaissance de ce véritable massacre, le négationnisme turc passe du "nous sommes innocents, nous avons rien fait ni rien ordonné" à "les arméniens nous ont trahis, c'est nous les vraies victimes". 

                                                            


La presse turque continu de "combattre" la question arménienne, elle n'en parlait qu'en cas de nécessité. Cette négation est aussi soutenue et favorisée par plusieurs pays qui ignoraient ce génocide donnant la priorité aux alliances commerciales, militaires, géopolitiques. Ils sont donc eux aussi complices dans ce déni.



Le premier débat à ce sujet a eu lieu en 1973. En effet, il concernait le meurtre de deux diplomates russes à Santa Barbara le 27 janvier par un arménien Gourgen Yanikan qui voulait venger le génocide perpétré sur son peuple. Cela a été la rupture d'un long silence, le gouvernement turc a donc bloqué toutes les études de ce génocide et interdit les débats concernant ce sujet à l'étranger comme en 1982 à Tel Aviv. C'est une véritable infraction à la liberté d'expression. Les turcs parlent dorénavant d'un "soit-disant génocide" ce qui complète le lexique de ce négationnisme, de ce camouflage de l'Histoire.


En 1982 a eu à Washington la création de l'institut des études turques tout cela sous la responsabilité d'un spécialiste de l'Empire Ottoman: Heath W. Lowry, c'est aussi une stratégie visant à propager au niveau mondial ce négationnisme.

En 1985, la Turquie suppliait le congrès américain de ne pas voter en faveur d'une résolution qui visait à reconnaître le génocide arménien.



Pendant ces plusieurs années, le pays a connu plusieurs gouvernements et présidents.      Suite à l'arrivée au pouvoir en 2002 d'un nouveau partie nommé "AKP" le négationnisme disparaît peu à peu. Les turcs n'en parlent plus néanmoins le refus de la qualification de génocide reste encore présent, mais plusieurs éléments rompent avec la ligne antérieure. 

En effet le nouveau président de la république turque Recep Tayyip Erdogan s'engage à dialoguer avec le gouvernement arménien, il tend la main et envoi une lettre au président arménien Robert Kotcharian dans laquelle il stipule la formation une commission d'historiens pour "régler ce différent" mais ce dernier refuse car il accuse la Turquie de vouloir réécrire l'Histoire à sa manière. 

Le président Erdogan demande alors au gouvernement arménien de ressortir leurs archives qui sont des preuves de cette époque mais il refuse encore et toujours.

En 2014 , la veille du 24 avril date de commémoration, Erdogan effectue un grand pas , un énorme geste symbolique. Il a adressé ses condoléances du pays aux "petit-fils des Arméniens tués en 1915", c'est la première fois qu'il en parle ouvertement. Cet avancé a été favorisée car l'année qui suivait correspondait au centenaire de ce génocide.                                                   La Turquie évolue d'une manière que beaucoup considèrent positive même si le génocide continue d'être nié. 




Il ne nous reste plus qu'à espérer une reconnaissance de ce génocide dans les prochaines années à venir même si cela semble inenvisageable....


Créez votre site web gratuitement ! Ce site internet a été réalisé avec Webnode. Créez le votre gratuitement aujourd'hui ! Commencer